On ne saurait tirer de l'huile d'un mur


On ne saurait tirer de l'huile d'un mur.

Chose aussi impossible que de tirer de l'argent d'un avare, la vérité d'un gascon, de la modestie d'un poète, de la franchise d'un Normand, de la conscience d'un vieux procureur, de la précision dans un acte de notaire, et de l'esprit dans le griffonnage d'un huissier. Les Latins disaient : Aquam e pumice postulare, demander de l'eau à une pierre ponce.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Jamais honteux n'eut belle amie


Jamais honteux n'eut belle amie.

C'est ce qui explique le succès de ces gens effrontés qui ne doutent de rien, surtout en amour. Il faut avouer aussi que le beau sexe aime souvent qu'on le brusque ; ce qui justifie le plaidoyer plaisant de l'avocat Grosley, qui prouve, dans les Mémoires de l'académie de Troyes, que le beau sexe aime à être battu :

Il est d'heureux moments, des moment où le coeur
Est ouvert sans défense, et n'attend qu'un vainqueur;
Mais il faut les saisir, il faut qu'on les épie :
L'occasion est une, et veut être ravie.

Mais aussi l'amour, « cette passion piperesse, nous apporte du miel, pour nous saouler de fiel. »

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Le diable n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme


Le diable n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme.

On dit communément, qu'à brebis tondue Dieu mesure le vent. La Providence n'envoie pas à un homme plus de mal qu'il n'en peut porter. Les Espagnols disent : A todo hai maño, sino a la muerte, il y a remède à tout, fors à la mort. Ce proverbe démontre qu'il ne faut jamais désespérer de la fortune.

En ce monde il n'est pas d'opiniâtre malheur
Qui ne toit tôt ou tard compensé de bonheur.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas


Les jours se suivent et ne se ressemblent pas.

Ce proverbe donne à entendre que les maux et les plaisirs ne sont pas continuels : pendant qu'une journée est une cruelle marâtre, dit Hésiode, l'autre est une bonne mère. Il ne faut donc pas faire fonds sur un bonheur constant; aujourd'hui bien, demain mal. Dans la carrière de la vie, le bon et le mauvais se débusquent alternativement. Sénèque le tragique dit : « Il n'est point dans la vie d'état permanent : le plaisir et la peine se succèdent, le plaisir dure peu ; un seul instant suffit pour nous précipiter du faîte des grandeurs au dernier terme de la vie. »

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Diseurs de bons mots, mauvais caractères


Diseurs de bons mots, mauvais caractères.

Expression de Pascal, qui est devenue proverbe; tant il est vrai que dans la société il se trouve de ces impertinents conteurs, qui troubleraient le repos d'une famille entière pour avoir te sot plaisir de lancer un quolibet. Les diseurs de bons mots ne sont pas souvent les plus sages, et, s'ils sont si habiles à débiter des sujets de scandale, c'est qu'ils ont eu la malignité de les chercher. Ce n'est pas qu'on ne puisse être sage et railler finement et avec modération, au lieu d'emporter la pièce ; mais il est si facile de contracter une mauvaise habitude, qu'on devrait se mettre en garde contre soi-même, et s'abstenir de railler plutôt que de s'exposer à pleurer après avoir fait rire les autres ;

Car tel mot, pour avoir réjoui l'auditeur,
A coûté bien louvent des larmes au railleur.

Un de ces plaisants de salons, comme on en voit tant, s'amusait aux dépens d'un homme qui avait un nez d'une grandeur démesurée; celui-ci tira un miroir de sa poche, et fit voir à l'autre qu'il était camard. Cléon était accueilli, fêté par un homme puissant; il avait son oreille et toute sa confiance; un bon mot, mal placé, l'a fait chasser honteusement et sans retour. Que ne se taisait-il? Il faut beaucoup d'esprit pour soutenir le personnage de railleur, et peu de bon sens pour l'entreprendre. Ce n'est jamais qu'aux dépens de son repos qu'on trouble celui des autres.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Il donne des verges pour se fouetter


Il donne des verges pour se fouetter.

Manière familière et proverbiale de parler, lorsqu'une personne fournit dans la discussion des arguments contre elle même, et dans le cours de la vie des moyens de lui nuire.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Qui s'attend à l'écuelle d'autrui dîne souvent par coeur


Qui s'attend à l'écuelle d'autrui dîne souvent par coeur.

Cela veut dire qu'il ne faut compter que sur soi-même, et vivre de son bien ; qui se repose sur l'aide des autres est souvent abusé. Si queresser bien servido, servi te tu mismo; a lo que puedes solo, no esperes a otro, disent les Espagnols. Selon Champfort, la société se compose de deux grandes classes d'individus : ceux qui ont plus de dîners que d'appétit, c'est le plus petit nombre; et ceux qui ont plus d'appétit que de dîners, c'est le plus grand.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

La balle va au joueur


La balle va au joueur.

C'est-à-dire que les occasions se présentent d'elles-mêmes à ceux qui les cherchent.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Le feu ne va pas sans fumée


Le feu ne va pas sans fumée.

Ce proverbe signifie que d'ordinaire il ne court point de bruit qui n'ait quelque fondement; qu'il n'y a pas de passion, si concentrée qu'elle soit, qui ne se décèle par quelque léger indice. Les Italiens disent : Il fuoco, l'amor et la tosse, presto si conosce, le feu, l'amour et la toux se découvrent tout de suite; les Espagnols : Cerca le anda el humo tras la llama. La Bruyère a dit : La plupart des bruits qui courent sur les personnes et sur les choses est ordinairement la vérité :

Je veux bien croire au fond qu'il ne se passe rien,
Mais enfin on en parle, et cela n'est pas bien.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

La pelle se moque du fourgon


La pelle se moque du fourgon.

Ce proverbe s'applique à deux personnes également ridicules qui se moquent l'une de l'autre. On connaît la sentence proverbiale qui dit que nous apercevons une paille dans l'œil du voisin, et que nous ne voyons pas une poutre dans le nôtre. La moitié du monde se moque de l'autre moitié, et communément :

On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain.

Moysant de Brieux, dans son origine des façons de parler triviales, rend ainsi ce proverbe : Le chaudron machure la poêle. Un voisin diffame son voisin, une p.... crie à la p.... Machurer est un vieux mot qui signifie noircir, et figurément, détracter, décrier, et dérive du mot languedocien mascara, qui veut dire charbonner, barbouiller, noircir. Les Italiens disent :La padella dice al manico, tu sei nero, la poêle dit au manche, tu es bien noir; ce qui présente encore plus de justesse; et les Espagnols : Dice la sartena a la caldera, tirte alla, cul negro, la poêle dit au chaudron, retire-toi, cul noir. Mais Horace, le grand peintre des ridicules, avait dit, avant tout cela : Qui te deridit caudam trahit, tel qui se moque de vous, a aussi son ridicule, et littéralement, traîne sa queue, par allusion au chiffon que les petits polissons de son temps attachaient au dos des passants, comme leurs pareils le font encore de nos jours dans le temps du carnaval.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Un clou chasse l'autre


Un clou chasse l'autre.

Brantôme se sert de ce proverbe dans l'occasion suivante, qui en explique parfaitement le sens : « J'ai ouï dire, et je le tiens de bon lieu, que lorsque François Ier eut laissé madame de Chateaubriand, sa maîtresse fort favorite, pour prendre madame d'Etampes, ainsi qu'un clou chasse l'autre, madame d'Etampes pria le roi de retirer de ladite dame de Chateaubriand tous les plus beaux joyaux qu'il lui avait donnés, non pour le prix et la valeur, car pour lors les pierreries n'avaient pas la vogue qu'elles ont eue depuis, mais pour l'amour des belles devises qui y étaient mises engravées et empreintes, lesquelles la reine de Navarre, sa sœur, avait faites et composées, car elle était très bonne maîtresse.» Clavus clavum trudit, disent les Latins.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Les petits ruisseaux font les grandes rivières


Les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Les petits gains réunis finissent par faire des sommes considérables. Il en est de même des petites pertes au jeu. Madame de Sévigné a dit fort agréablement : « Les petites pertes fréquentes au jeu sont comme les petites pluies, qui gâtent bien les chemins. »

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Il n'y a pas de comparaison qui ne cloche


Il n'y a pas de comparaison qui ne cloche.

Pour dire qu'il n'y a pas de comparaison qui soit parfaite en tout. Les habitants de Corinthe, ayant envoyé à Alexandre des lettres de citoyen, l'assuraient que, par cet honneur insigne, ils l'avaient traité comme Hercule. En vérité, leur répondit-il un peu piqué, dans l'honneur que vous m'avez fait, je n'estime que la comparaison. Comparaison n'est pas raison : C'est ce qui arrive presque toujours dans les écrits des auteurs médiocres, qui emploient souvent la métaphore sans rime ni raison. L'épigramme suivante, dirigée contre un juge peu intègre, vient à l'appui de ce second proverbe :

J'alléguais contre ma partie
Une raison sans répartie,
Sans qu'il dit de sa part rien en comparaison;
Mais je vois bien, puisqu'il l'emporte,
Qu'avec des juges de la sorte,
Un bon levraut vaut mieux qu'une bonne raison.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Il n'y a rien de plus orgueilleux qu'un riche qui a été gueux.


Il n'y a rien de plus orgueilleux qu'un riche qui a été gueux.

On dit encore : Fier comme un parvenu. Ceux que la fortune a été chercher dans la lie du peuple, pour les porter sur ses épaules dans son temple, ou chez qui elle s'est fait porter elle même sur des crochets, comme dit un ancien moraliste, sont presque tous fiers et insolents. Ils attribuent à leur capacité, à leur industrie ou à leur mérite, des faveurs que la fortune n'aurait garde de leur accorder, si elle y voyait clair. Ces champignons du hasard se donnent des airs de grandeur par leurs dépenses, et méprisent ceux avec qui ils allaient de pair autrefois. Une comparaison originale de Rabelais peint fort bien les caprices de la fortune; il dit que la fortune est un arbre qui produit toutes sortes de lames et d'ustensiles, et que l'espace de terre qui l'environne pousse des manches de toutes façons : lorsque les fruits de l'arbre sont mûrs, ils tombent, et il arrive assez bizarrement que la lame d'une épée rencontre le manche d'une étrille, et que celle-ci s'enfile de même dans la garde d'une épée. On fait ordinairement deux fausses généalogies aux nouveaux parvenus, l'une pour les relever, l'autre pour les abaisser.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

C'est un mur d'airain


C'est un mur d'airain.

Cela se dit également d'un homme inflexible, et d'un obstacle insurmontable. Jamais cette expression proverbiale n'a été plus employée que pendant la révolution et que par les matadors de ces temps de sinistre mémoire. C'est un singulier rapprochement à faire, que le langage participe de la  bizarrerie et de la férocité des mœurs. Le mur d'airain a donc été une expression favorite de nos modernes Dracons. Il n'y a pas un de leurs discours patriotiques où il n'y ait un mur d'airain. « Leurs principes, leurs constitutions, leurs bras, tout cela dit spirituellement M. Berchoux dans une note de son art politique, formait un mur d'airain autour de la patrie. » Bonaparte s'est souvent servi de ce mur d'airain; il y joignait aussi une barrière de fer, dans un discours au sénat. Il parlait même souvent de sa main de fer. Dieu sait comme la patrie, malgré son mur d'airain, sa barrière de fer et sa main de fer a été fermée hermétiquement à l'invasion européenne, qui devait, disait-on, se briser contre ce fer et cet airain. Il appartenait à Horace de faire un plus juste emploi que Bonaparte de ce mur d'airain, lorsqu'il dit:

Hic murus akeneus esto,
Nil conscire sibi, nullà pallescere culpâ.

Soyez comme un mur d'airain pour résister à tout ce qui pourrait blesser votre conscience et dont vous puissiez rougir.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Le vin qu'on donne aux ouvriers est toujours le mieux vendu


Le vin qu'on donne aux ouvriers est toujours le mieux vendu.

Parce qu'il leur donne du courage et procure plus de profit et de besogne au propriétaire qui les emploie.

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828


 
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