Les Espagnols disent : Consejo sin remedia es cuerpo sin aima.
Je priais l'avocat Brodeau
De me prêter trente pistoles.
Voici ce qu'en peu de paroles
Il me répondit bien et beau :
Que ne plaidez-vous quelque cause !
Rimer est une pauvre chose :
Tout l'argent court aux avocats.
Brodeau, votre prudence est grande,
L'avis est bon ; mais ce n'est pas
Un avis que je vous demande.
Dans le roman de Le Sage, intitulé Histoire d'Estevanille Gonzalès, surnommé le garçon de bonne humeur, un maître d'hôtellerie, après avoir bien traité Estevanille, croit devoir lui donner un excellent conseil, et lui dit de l'air du monde le plus sérieux : Seigneur écolier, pour prévenir les périls où votre grande jeunesse peut vous engager, j'ai jugé à propos de vous faire ce présent : en disant ces mots, il lui présenta une petite boîte dans laquelle il y avait un peloton de fil avec une aiguille qui le traversait. Surpris d'un don si singulier, Estevanille lui demanda pourquoi il le lui faisait. « C'est, lui répondit-il, pour que vous vous en serviez dans trois occasions : Cousez votre bouche quand vous serez tenté de parler mal à propos ; cousez votre gousset lorsque, par un excès de générosité, vous voudrez faire une folle dépense. Pour la troisième couture, continua-t-il, je vous la laisse à deviner » Dans le cours de la vie, combien de choses ne tiennent qu'à un fil.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828