A bon jour, bonne étrenne

On se sert de ce proverbe pour exprimer qu'il arrive quelque chose d'heureux en un jour déterminé. L'usage des étrennes est des plus anciens ; il remonte presque à l'époque de la fondation de Rome. Tatius, roi des Sabins, qui régna sur les Romains conjointement avec Romulus, après la fusion des deux peuples, ayant regardé comme de bon augure qu'on lui eût fait présent au premier jour de l'année de quelques branches d'arbres coupées dans un bois consacré àStrenna, déesse de la force, convertit en coutume ce qui n'avait été que l'effet du hasard, et donna aux présents qu'il reçut depuis, au renouvellement de chaque année le nom de Strenna dont nous avons fait étrennes. A des branches d'arbres, les Romains substituèrent des figues, des dattes, du miel, symboles, comme nos confitures et nos dragées, de toutes les douceurs qu'ils souhaitaient à leurs amis pendant le cours de l'année nouvelle. Les clients joignaient une pièce d'argent, qu'ils donnaient à leurs patrons. C'était sans doute une espèce de tribut.   HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Une bonne femme, une bonne mule, une bonne chèvre, sont trois mauvaises bêtes

Alphonse, roi d'Aragon, disait que, pour voir une union et une harmonie parfaites en mariage, il faudrait que le mari fût sourd et la femme aveugle, afin que l'un n'entendît pas les criailleries de sa femme, et que l'autre ne vit point les sottises de son mari.   HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Il vaut son pesant d'or

En parlant d'un homme recommandable par ses bonnes qualités. Cette locution dérive de la coutume où l'on a été longtemps de mettre dans un des bassins d'une balance la marchandise qu'on voulait acheter, et dans l'autre le prix, en valeur métallique, qu'on en voulait donner.   HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Les envieux mourront, mais l'envie ne mourra jamais

Plusieurs grands hommes n'ont point été exempts de ce vice odieux. M. de P***, colonel de cavalerie, vieillard d'un esprit agréable et cultivé, m'a raconté que dans sa jeunesse, voyageant en Suisse pour admirer les beautés d'un pays si varié par ses sites pittoresques, il s'arrêta dans une modeste auberge de village, sur la route de Vevay. Poussé par un grand appétit, il demanda à la maîtresse de l'auberge si elle pouvait lui procurer un gîte et à souper. L'hôtesse se trouvait au dépourvu, mais elle lui dit qu'il y avait dans une chambre au-dessus une espèce d'homme singulier et fort taciturne, accompagné d'une vieille femme, qui paraissait être sa gouvernante ; qu'elle lui avait donné tout ce dont elle pouvait disposer de sa cuisine, mais qu'elle allait le prier de partager son souper avec M. de P... Elle monte aussitôt, s'adresse à l'inconnu, lui fait part de son embarras et de l'arrivée d'un nouveau voyageur qu'elle n'attendait pas. L'inconnu se disposait à faire tranquillement sou souper ; il hésite, se consulte, parle à l'oreille de la vieille femme, et répond enfin assez tristement que si la personne arrivée trouve bon de souper avec lui, il ne le trouvera pas mauvais de son côté,puisqu'il faut se résigner à la nécessité. Le message est rapporté sans commentaire à M. de P..., qui, charmé de cet acte d'obligeance qu'il n'espérait pas, escalade l'escalier, salue l'étranger, le remercie avec une grâce toute française, fait aisément, comme on peut penser, honneur à la table et à la conversation. L'air de franchise et de gaîté du nouveau venu inspire de la confiance à l'étranger. La conversation s'anime ; elle tombe, soit à dessein, soit par hasard, sur le sujet inépuisable alors, sur la merveille du siècle, sur Voltaire. Je viens de Ferney, dit M. de P..., j'ai eu l'honneur d'adresser mes hommages au patriarche et d'en avoir été parfaitement reçu. Il se met en même temps à faire un pompeux éloge des talents, du génie, des grâces et de la vivacité d'esprit du vieillard de Ferney. La figure de l'inconnu se renfrogne, la vieille rougit ; M. de P... se trouble, il croit qu'il lui est échappé quelque sottise ou quelque mot offensif. Monsieur, lui dit l'étranger d'un ton assez brusque, ce que vous dites de M. de Voltaire ne me surprend pas du tout, puisque vous n'êtes que l'écho de tout le monde. M. de Voltaire, continue-t-il en appuyant avec affectation sur ce mot, M. de Voltaire a des talents, je n'en disconviens pas, mais je crois que sous ce rapport je le vaux bien. Grand étonnement de M. de P...Monsieur de Voltaire est riche, moi je suis pauvre, monsieur de Voltaire a de magnifiques appartements, de belles voitures, une suite nombreuse, moi je marche à pied, un bâton à la main, à peu près seul, comme vous voyez, en montrant la vieille, et je vis dans une chaumière ; l'étonnement de M. de P... redouble. Monsieur de Voltaire est au sommet des honneurs et de la gloire, flatté et caressé par tout le monde ; moi je suis dans l'abjection, l'objet continuel de l'envie, trahi par de faux amis, persécute par les grands : eh bien, malgré tout cela, tel que vous me voyez, monsieur, je ne me donnerais pas pour lui. M. de P... reste confondu. C'était J. J. Rousseau. L'envie est le ténia du cœur humain.  HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Parler latin devant des clercs

Le mot clerc ou savant a donné lieu à ce proverbe, qui correspond au proverbe latin : Sus Minervam, sous-entendu docet. On disait en sens inverse mauclerc, pour désigner un homme ignorant, brutal, grossier. C'est le surnom que donnèrent autrefois les habitants de la Bretagne à Pierre, leur duc, qui, par les hommages et les soumissions qu'il fit à saint Louis, roi de France, rendit ses successeurs tributaires de ce royaume, d'indépendants qu'ils étaient, ce qui lui attira le mépris de ses sujets et les éloges de sire de Joinville, qui, en sa qualité de Français, l'excuse, et dit dans son histoire : « Je ne sais si à juste cause les Bretons lui donnèrent tel nom, parce qu'il devait être bien sage, puisqu'il avait étudié si longtemps à Paris.»  Voilà une raison qui ne me paraît pas trop péremptoire.   HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Il est du bon crème

Pour dire un peu crédule. Ce proverbe est fort ancien ; il suppose que plus le crème était bon, plus celui qui en avait été confirmé avait de foi. Il est pris sans doute ironiquement, autrement il serait tant soit peu impie.  HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

A bon entendeur demi-mot

Un neveu vole à son oncle une assiette d'argent. L'oncle pour toute punition porte la clause suivante dans son testament : Je lègue à mon neveu N... onze assiettes d'argent ; il devinera pourquoi je ne lui lègue pas la douzaine.   HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Femme qui prend elle se vend

Vénus est appelée par Homère, quod aura flectitur. Cicéron disait assez plaisamment, eu parlant des prostituées et des concubines, qu'il ne fallait que deux choses, dare et promittere, donner et promettre.  HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Ce que femme veut, Dieu le veut

Il n'est point d'esprit si bouché qui ne conçoive cette vérité digne d'être devenue proverbe. Je ne pense pas que personne puisse s'inscrire en faux contre cet axiome, qui se vérifie tous les jours sur toute la surface du globe :

En considérant la nature,
J'ai vu dans l'histoire future
Que ce que femme ordonnera ,
D'abord le Seigneur le voudra.

Une femme réchappée d'une maladie grave dit à son mari, qui en témoignait sa joie et criait au miracle : C'est un miracle, en effet, et je ne l'ai obtenu qu'en faisant un vœu que vous voudrez bien acquitter, j'espère. —Volontiers, ma chère amie ; qu'est-ce que ce vœu ? — Une bagatelle. — Mais encore ? — Je vous ai voué au blanc. — Moi ? — Oui, vous. — Allons, vous n'y pensez pas ! — Si, mon ami, j'y pense, et je suis certaine que vous ne vous ferez pas prier, car ce serait vouloir ma mort que de manquer de parole à la bonne Vierge, et elle se mit à pleurer. Calme-toi, dit le mari, dès demain je prendrai le blanc, et je le porterai tant qu'il te plaira. Le lendemain, en effet, quand monsieur vint savoir des nouvelles de madame, il était vêtu de blanc depuis les pieds jusqu'à la tête ; rien sur lui qui ne fût blanc. Je ne quitte plus cet habit, dit-il en entrant ; or, il était vêtu en Gilles. Madame, qui savait qu'elle avait affaire à un homme de caractère, le releva de son vœu.

Ou fille, ou femme, ou veuve, ou laide, ou belle,
Ou riche, ou pauvre, ou galante, ou cruelle,
La nuit, le jour, veut être, à mon avis,
Tant qu'elle peut, la maîtresse au logis.
----------
Ce que veut une femme est écrit dans le ciel.
                                                                 (La Chaussée)

HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

Mes amis, il n'y a pas d'amis

Fervet olla, viget amicitia.


Quand la marmite est renversée, les amis nous quittent, dit Pétrone dans le festin de Trimalcion. Si nous voulons conserver nos amis, nous devons prier Dieu tous les jours qu'il ne leur permette pas de devenir riches. Horace, dans son ode à la Fortune, tance énergiquement les faux amis :


Et vulgus infidum, et meretrix retro
Perjura cedit ; diffugiunt cadis
Cum fœce siccatis amici
Ferre jugum paviter dolosi.


«Mais le lâche vulgaire, la courtisane parjure, se retirent ; amis trompeurs, ils s'enfuient dès que l'abondance a disparu, et ne savent point porter le joug avec les malheureux.» On surprit un jour Voltaire assis devant une table, en face de plusieurs piles de doubles louis ; il les comptait d'un air joyeux, en disant :
un ami, deux amis, trois amis, ainsi de suite. Mirabeau, que la cour s'avisa trop tard de couvrir d'or pour l'attirer dans son parti, revenait un jour chargé d'une grosse somme, qui était le prix de sa vénalité ; il l'étala devant ses amis intimes, et, accordant alors son éloquence si véhémente au diapason de ce métal qui avait tant de prise sur lui, il tonnait contre la tyrannie et le despotisme, et comptait chaque rouleau en disant :
une liberté, deux libertés, trois libertés. Il pillait ainsi son roi et l'idée de Voltaire. Beaucoup gagner fait la dépense grande. Les
petits ruisseaux font les grandes rivières. On peut être richement vêtu , avoir un brillant équipage, tenir table ouverte ; le gain continu que fait un traitant, un receveur des deniers publics, soutient tout ce luxe et augmente encore leurs fonds. HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828

On jette des pierres dans son jardin

On se sert ordinairement de cette expression dans la société, pour dire qu'on lance des sarcasmes ou des quolibets contre quelqu'un. C'est une manière adroite de dire à une personne qu'on l'attaque, sans se servir des expressions injurieuses qui ont été employées contre elle. Moisant de Brieux, qui était de la robe, cite un long passage d'Ulpien, pour y trouver l'origine de ce proverbe. J'aime mieux raconter une historiette sur Sophie Arnould. Quelqu'un lui reprochait de se laisser entretenir par un architecte. C'est, répondit-elle, pour employer les pierres qu'on jette de tous côtés dans mon jardin.  HISTOIRE GÉNÉRALE DES PROVERBES T1 C. De Méry 1828


 
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